Rencontre avec Bob Bernard : un regard sur A Song Of Ice And Fire

Une interview de Bob Bernard, le joueur ASOIAF classé n°2 en France et 5ᵉ mondial. Il revient sur son parcours, ses tournois et partage quelques conseils pour progresser.

Dans la communauté compétitive de A Song of Ice & Fire, certains joueurs se font remarquer par leur sérieux, leur constance et leur investissement au sein de la scène française.

J’ai eu l’occasion d’échanger avec l’un d’entre eux : Bob Bernard, actuellement numéro 2 français et 9ᵉ mondial, joueur reconnu mais aussi membre très actif des Discords, où il partage analyses, discussions et retours d’expérience.

Participant au tournoi SLIP qu’il organisait avec d’autres joueurs au French Wargame Café, j’ai profité de sa présence pour lui poser quelques questions et en apprendre davantage sur son parcours, ses factions de prédilection, sa vision du jeu et sa manière d’aborder les tournois.

Bob Bernard les conseils d’un pro !

AA – Bob bonjour, d’abord merci de prendre un peu de ton temps pour cette petite interview, tu es un incontournable de la communauté ASOIAF Francophone, néanmoins tu as été un débutant comme n’importe qui, une question me vient immédiatement, comment le Trône de Fer est venu jusqu’à toi ?

BB – Je jouais déjà aux wargames depuis longtemps, ayant commencé avec Warhammer Battle. Comme je suis un grand fan de l’univers de Game of Thrones – j’ai adoré les livres – quand le Kickstarter du Trône de Fer est apparu, je n’ai pas hésité une seconde. J’ai acheté le starter Stark en 2019. J’ai ensuite passé presque un an sans y jouer, puis les premières chaînes YouTube ont commencé à émerger. On a lancé le jeu au club et j’ai rapidement accroché, au point d’organiser des tournois.

Les règles sont relativement simples et les parties assez courtes, mais le jeu offre de vraies possibilités tactiques, avec beaucoup d’éléments à maîtriser.

Au début, on jouait surtout entre nous, puis on s’est dit qu’on devrait voir ce qui se passait ailleurs. À force de rester à deux ou trois amis, on était vite limités. Notre premier tournoi a eu lieu en Belgique : un petit événement de huit joueurs. J’ai terminé premier et mon ami second. On s’est alors dit : « Ah oui, c’est vraiment sympa ! ». Pour lui, c’était même rassurant : il perdait toutes ses parties au club contre moi — les Stark étaient très, très forts à l’époque — et ça lui a permis de voir qu’il n’était pas si mauvais (rire).

AA – D’après ce que tu me dis ta faction de cœur sont les Stark, est ce toujours le cas où arrivestu à jouer les autres factions du jeu ?

BB – Oui j’ai commencé Stark à la base pour le lore, surtout les personnages, Rob Stark etc… . J’aime beaucoup les factions mobiles, si ça manque de mouvement sur la table je m’ennuie ensuite j’ai poursuivi avec les Targaryen .

En Février ou Mars 2020 il y a eu un gros Tournoi organisé par Commander TV, le Master Of Westeros l’un des plus important d’Europe, 100 joueurs déjà à l’époque, je t’avoue qu’avec mon Starter Set Targaryen de base ça a été très compliqué pour moi.

Côté lore je me suis jeté aussi sur la Fraternité sans Bannière lorsque la Faction est sortie, même si j’apprécie moins la façon de faire les listes avec.

Donc si je dois vraiment en citer je dirais plus Stark et Targaryen, même si j’aime tout jouer, j’apprécie prendre une faction et me demander qu’est ce que je peux en faire.

AA – Si tu aimes jouer avec toutes les Factions du jeu, dois-je comprendre que tu connais sur le bout des doigts toutes les cartes, des unités en passant par les cartes tactiques ?

BB – Je pense que connaître toutes les cartes du jeu aide énormément. Je les utilise presque instinctivement, sans avoir besoin de vérifier, et c’est sûrement ce qui me donne parfois l’avantage et contribue à mon bon niveau de jeu.

Je n’ai pas forcément un sens tactique exceptionnel, mais cette connaissance des cartes me permet souvent de prendre l’ascendant en partie.

AA – Avec tes connaissances du jeu est ce que tu es en capacité de me donner des match-up plus difficile à gérer, as tu des exemples de Faction qui l’une contre l’autre donnent du fil à retordre ?

BB – C’est une question difficile, car toutes les factions peuvent sortir des listes qui se contrent mutuellement. Si je parle en tant que joueur Targaryen, les Lannister ne sont vraiment pas tendres. Mais à l’inverse, si le joueur Targaryen sort les trois dragons et que l’adversaire n’a rien pour les gérer, il va souvent se retrouver dans une situation compliquée.
À l’opposé, il suffit qu’il y ait Tywin en face pour que plusieurs tactiques Targaryen deviennent difficiles, voire impossibles à utiliser comme je le voudrais.

Quand je joue les dragons, les Lannister n’ont pas forcément les outils pour les contrer. Par exemple, leurs NCU peuvent me forcer à faire des tests de moral à -5, alors que les dragons réussissent leurs tests sur du 2+. Tu comprends rapidement que ce n’est pas comparable avec une unité classique qui teste à 4 ou 5 de base.

En termes de match-ups vraiment compliqués, je dirais peut-être Baratheon contre Targaryen : les Baratheon sont très lents, alors que les Targaryen misent beaucoup sur la mobilité. Entre les mains de quelqu’un qui maîtrise bien la faction, c’est souvent un match difficile pour le joueur Baratheon.

AA – As tu une manière de te préparer pour les tournois et comment crées-tu tes listes d’armée ?

BB – Je ne me prépare pas vraiment (rire). Quand je vais en tournoi, c’est surtout pour passer un bon moment et jouer avec les copains. J’y vais très détendu. Après, si je sais à l’avance contre quoi je vais jouer — par exemple lors d’un tournoi sur deux jours — alors là, je joue la partie cinquante fois dans ma tête pendant la nuit… et je dors très mal (rire).

C’est pour ça que je préfère ne pas connaître mes adversaires à l’avance.

Pour mes listes, je fonctionne surtout au feeling en cherchant un concept original. Par exemple, lors des deux French National Championship que j’ai faits cette année, j’ai intégré un commandant que quasiment personne ne jouait. J’ai construit une liste qui collait parfaitement à ce commandant, comme prévu mon adversaire ne le connaissait pas, en plus, ça restait parfaitement aligné avec mon style de jeu.

Donc oui, beaucoup de feeling, mais en essayant toujours d’optimiser. Quand une carte me plaît, je me demande comment la rendre réellement utile. Je ne choisis jamais une unité ou un commandant juste parce que je les trouve jolis — jamais de la vie (rire).

AA – Aurais tu des conseils à apporter aux débutants qui se lancent dans le jeu ?

BB –C’est de s’accrocher. Au début, ce n’est pas évident : tu dois gérer des cartes tactiques que tu ne connais pas encore, comprendre le tableau politique, et tout ça peut sembler un peu lourd. Mais on progresse très vite.
Tu vas d’abord apprendre tes cartes, puis savoir comment les jouer. Ensuite, tu maîtriseras tes déploiements, et avec le temps tu connaîtras aussi les cartes des autres factions, leurs forces, leurs faiblesses… Ce sont plusieurs étapes qui peuvent paraître longues, mais elles viennent naturellement.

Il ne faut surtout pas hésiter à poser des questions, à faire des parties et à se tromper. C’est comme ça qu’on apprend.

AA – Des envies ou des attentes concernant les futurs mises à jours pour A Song Of Ice and Fire ?

Non, je n’ai pas d’attentes particulières concernant les règles du jeu. Mes seules espérances concernent surtout les futures factions : j’aimerais beaucoup voir arriver les Arryn de Westeros et les Esclavagistes d’Essos.
Mais surtout, je ne veux pas de l’Armée des Morts ni du Night King. Je n’en dirai pas plus… disons simplement que ce n’est pas très “lore friendly” (rire).

AA – Et pour finir, le hobby dans tout ça, est ce que tu aimes peindre tes figurines ?

BB – Pour moi, quand tu achètes des figurines — surtout vu leur coût — il faut apprécier un minimum la peinture. Personnellement, j’aime bien peindre. Je ne me mets pas trop de pression, mais j’aime avoir une armée entièrement peinte. Ça peut m’arriver de ne pas y arriver faute de temps, mais en général, mes armées le sont.

Quand j’ai vraiment envie de me faire plaisir en peinture, je change parfois de jeu. Par exemple, Warhammer Old World : les figurines sont plus détaillées, les décors aussi, et tu peux vraiment profiter du côté hobby.
Le Trône de Fer, je le vois davantage comme un jeu d’échecs, mais avec des figurines peintes qui rendent l’expérience beaucoup plus agréable. Par contre, je ne passerais jamais dix heures sur une seule figurine.

Un mot pour les nouveaux joueurs

Je conclurais par les mots de Bob lors de la clôture du tournoi, cela peut impressionner au premier abord, mais il ne faut surtout pas se sentir intimidé : tout le monde est le bienvenu, quel que soit son niveau ou son expérience.

Les tournois ASOIAF rassemblent des profils très différents — débutants curieux, joueurs réguliers ou compétiteurs confirmés — et c’est précisément cette diversité qui fait la richesse de la communauté.

Un événement, c’est avant tout l’occasion de rencontrer un grand nombre de joueurs, de découvrir de nouvelles factions, des listes différentes, et des approches tactiques variées.

On progresse rarement aussi vite qu’en jouant trois ou quatre parties dans la même journée contre des styles de jeu multiples, dans une ambiance conviviale et bienveillante.

Les joueurs expérimentés sont généralement ravis de partager conseils, astuces, analyses et retours après les parties. Aucun jugement, aucune pression : juste du jeu, de la passion et un bon moment passé autour de la même table. Que l’on vienne pour gagner, apprendre ou simplement passer une journée agréable, il y a toujours une place pour les nouveaux.

Alors n’hésitez jamais à franchir le pas : les tournois sont l’un des meilleurs moyens d’avancer dans le hobby… et de profiter pleinement de la communauté ASOIAF.

La Fédération Française du Trône de Fer

AlanAnas: Je profite de l’occasion de vous parler de la Fédération Française du Trône de Fer. Mais Jamy, qu’est ce que c’est ?

La Fédération du Trône de Fer a pour mission de soutenir et structurer la communauté du jeu à travers de multiples actions complémentaires.

Elle œuvre à la promotion du jeu et des tournois via les réseaux, événements et lives, tout en créant un véritable maillage territorial pour connecter les organisateurs et faciliter la mise en place d’un calendrier national cohérent.

Elle met également à disposition des arbitres fédéraux pour accompagner les grands événements, propose des traductions françaises afin de rendre le jeu accessible au plus grand nombre, et établit un classement national menant à un Masters annuel réunissant les 16 meilleurs joueurs.

Grâce à des partenariats, la Fédération participe aussi à l’amélioration des dotations de tournois, et pourra, si nécessaire, organiser des sélections pour représenter la communauté lors de compétitions européennes ou internationales.

Utilisez le lien ci-dessous si vous aussi vous voulez participer à l’aventure et faire vivre la communauté ASOIAF:

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